Le PPP pour aménager Lyon ? Une idée pas si neuve !

En France, l’intervention du privé dans les politiques d’aménagement menées par les collectivités et la gestion des services urbains n’est pas chose récente. On observe une longue tradition de recours au secteur privé, et ce dès le XVIIème siècle. A Lyon notamment, pour urbaniser le secteur des Brotteaux, situé sur la rive Gauche du fleuve. Après la construction d’un nouveau pont sur le Rhône, le pont Morand (du nom d’Antoine Morand), le quartier est en plein essor et le besoin en logements se fait sentir. Les Hospices Civils de Lyon, alors propriétaires de la majorité des terrains décident de les louer à des particuliers, mais aussi à des constructeurs et des investisseurs grâce à des baux de longue durée, permettant ainsi la construction de logements.

Place des Brotteaux en 1820

Le recours à des partenaires privés s’intensifie dès la révolution industrielle et durant tout le XIXème siècle. Durant cette période, avec l’industrialisation et l’exode rural, les villes sont confrontées à un très fort développement et donc à de nouveaux besoins. A Lyon , dans la partie dense de la Presqu’île, est engagée une politique de rénovation de type hygiéniste visant à réduire les risques d’épidémies mais aussi de soulèvements populaires. Plusieurs opérations de transformation du tissu urbain sont menées par le préfet Vaïsse et son ingénieur Bonnet, en partenariat avec des compagnies financières.

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Rue de la République

Cette logique de construction partenariale de la ville sera quelque peu abandonnée à Lyon dans la deuxième moitié du XIXème siècle, la gouvernance redevenant essentiellement publique. La politique d’aménagement est alors largement axée sur l’embellissement de la ville et l’amélioration du cadre de vie.

Cette logique partenariale ne renaîtra de ses cendres qu’avec Louis Pradel, maire de Lyon de 1957 à 1976, qui axe la politique d’aménagement sur la modernisation et le développement de la ville. C’est l’exemple du projet de métro, lancé à partir de 1963, et mené par une société d’économie mixte dédiée : la SEMALY (Société d’Études du Métro de l’Agglomération Lyonnaise, aujourd’hui EGIS Rail). Les maires suivants, Francisque Collomb, Michel Noir et Raymond Barre continuent d’intégrer cette logique partenariale dans la politique d’aménagement de la ville. Nous le verrons, c’est particulièrement avec Michel Noir et Gérard Collomb, qu’elle va prendre toute son ampleur.

Centre d’échanges de Perrache

Grâce à cette mise en perspective historique, on observe que depuis la deuxième moitié du XIXème siècle, la politique d’aménagement des villes s’opère en partie grâce à l’intervention du secteur privé. Plus récemment, on observe la multiplication des formes d’intervention du secteur privé et des partenariats. De simples prestataires, les entreprises privées deviennent des acteurs à part entière de l’urbain. Les politiques d’aménagement sont de plus en plus marquées par l’imbrication, voire l’interdépendance des actions publiques et privées.

Les entreprises privées sont amenées à s’émanciper de leur rôle de « strict exécutant », leurs missions dépassant la simple exécution, et elles occupent de plus en plus des rôles importants dans la réalisation d’ouvrages publics. Comme l’indique Yves Janvier : « Enfin, la prise de conscience est faite, aujourd’hui, que l’aménagement ne résulte pas seulement d’une volonté publique et qu’il ne peut pas se résumer à la production d’offres placées sur un marché passif d’opérateurs privés. L’intervention de ceux-ci est structurellement nécessaire pour concrétiser l’aménagement et ils prennent de ce fait un poids déterminant dans la conduite des projets, introduisant leurs propres objectifs et contraintes en contrepoids de l’intention planificatrice ».

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